🙌 Accueillir les émotions avant de développer le pouvoir d’agir

Les professionnels de l’accompagnement tombent régulièrement dans cet écueil (que tu connais peut-être ) :

face aux émotions des personnes accompagnées, ils s’engouffrent dans la recherche immédiate de solutions. Cette agitation du praticien peut cacher une difficulté à accueillir les émotions, celle des autres et surtout les siennes. Ici, la recherche d’action peut révéler un besoin de faire redescendre la pression.

Mais agir sans accueillir, sans s’accueillir, c’est agir à partir d’un espace brouillé et se priver de discernement.

Rien n’est irrémédiable. Le professionnel de l’accompagnement est, à mes yeux, un être engagé sur un chemin de développement de son être au service de sa propre vie, mais aussi au service des autres.

Dans l’ACP-PA, je parle de développement du pouvoir d’agir, de mise en mouvement, d’actions, d’autorésolution de problème. Mais avant de se centrer sur le problème, les solutions et l’action, il est primordial de se centrer sur la personne accompagnée, son vécu, ses émotions.

Rien n’est possible sans cet accueil, sans cette reconnaissance, sans cette considération. Rien n’est possible sans cette connexion à l’être souffrant, sans cette consolation (comme dirait Christophe André).

Christophe André, grand psychiatre et psychothérapeute que l’on connait, explique que longtemps il a cherché à guérir et trouver des solutions avant de comprendre l’importance de son attitude sur le patient et l’importance de la consolation. C’est après avoir lui-même traversé une épreuve de cancer qu’il éprouve en lui un développement de son hypersensibilité et qu’il capte l’effet bénéfique de certaines attitudes chaleureuses sur lui et sur la diminution de sa douleur physique et mentale (les deux étant liées).

Il explique qu’avant, lorsque ses proches souffraient, il avait l’obsession de résoudre leur problème. Il focalisait sur la situation et moins sur la souffrance de la personne. C’est après avoir lui-même vécu cette épreuve de cancer qu’il s’est ensuite détourné de l’action pour se centrer sur la personne. 

Voici une belle illustration pour soutenir l’ACP-PA, son processus méthodologique qui se centre d’abord sur la personne, son vécu, ses émotions, avant de soutenir le développement du pouvoir d’agir.

Certains professionnels de l’accompagnement me font part, à juste titre, que certaines personnes arrivent dans l’accompagnement avec une agitation extrême et une demande immédiate de solution. L’agitation de l’accompagné vient comme agiter le système nerveux du praticien, qui intègre parfois le stress de la personne.

Lorsque tu commences à éprouver cette agitation en toi :

👉 Je t’invite à respirer 🧘, accueillir, cultiver la conscience de toi-même et te faire contenant.e pour l’autre.

👉 Permets à l’autre d’exprimer son émotion même au travers de demandes pressantes car elles sont l’expression d’une peur sous-jacente, d’une peur légitime.

👉 Permets à la personne de déposer, d’être entendu dans ce qui la traverse.

👉 Respire, ralentis ton système nerveux pour que la personne puisse elle-même ralentir.

👉 Puis, permets lui de conscientiser son émotion et potentiellement de se désidentifier de celle-ci.

Ta reconnaissance, ta considération, ton accueil de ce qui est présent en elle va avoir un effet très important sur la suite.

De ton attitude dépend grandement la relation de confiance. Sans cette relation de confiance, sans cette expression et désidentification à l’émotion aucun travail réel d’accompagnement n’est possible. Grâce à ce préalable de reconnaissance de son être, la personne va pouvoir ensuite engager un travail de clarification sur sa situation et entreprendre une vraie réflexion sur la mise en œuvre d’un projet de changement.

Procrastination, précipitation, agitation, manque de discernement dans l’action… sont autant d’écueils potentiels lorsque l’émotion n’est pas préalablement accueillie dans l’accompagnement au changement.