Cette deuxiĂšme journĂ©e de randonnĂ©e devait ĂȘtre la moins fatigante de toutes. Or, elle fut la plus extĂ©nuante. Le soir, jâĂ©tais rincĂ©e. đ«
Je vous dis tout sur mon « échec » cuisant de communication.
Pourtant, avant cela, ma deuxiÚme journée de randonnée solo à cheval fut joyeuse.
Je savais que je nâavais que 16 km Ă faire, donc 10 de moins que la veille.
Ce jour-lĂ , je me suis mĂȘme vue danser sous la pluie au bord des routes du Morvan⊠tout en me disant :  si quelquâun me voit danser ainsi, il va me prendre pour une folle !
Mais quâimporte !
Une sensation de liberté me parcoure.
La relation avec mon cheval sâintensifie.
Loin de chez lui, je deviens, encore davantage, sa rĂ©fĂ©rence, son cheval de tĂȘte, son leader.
OrphĂ©o montre parfois des signes de rĂ©sistance, en raison des conditions climatiques et environnementales. Il pleut toute la journĂ©e, mais ce n’est pas le dĂ©luge. Par contre, les chemins sont boueux, inondĂ©s et certains trĂšs pierreux.



Je commence aussi Ă comprendre ce dont OrphĂ©o a besoin pour passer les zones les plus ardues : dâencouragements positifs !
Je veille donc Ă adapter lâintonation de ma voix, Ă accumuler les Ouiii câest bien ! Allez oui ! Comme on encourage un sportif Ă lâapproche de la ligne dâarrivĂ©e.
Et ça marche !!!
Par contre, lorsque je suis nĂ©gative, il sâimmobilise.
Toutes ces heures passées ensemble me permettent de mettre de la conscience sur ma communication.
Jâai alors une pensĂ©e pour les manageurs et lâimpact dâune communication nĂ©gative ou positive sur les Ă©quipes. Â
Je savoure les 5 derniers kilomĂštres.
Je mets de la musique et je me sens lĂ©gĂšre (les quelques tensions dans le dos sâenvolent).
Je danse, je chante, je ris.
Je me laisse porter et inspirer par la musique.
Je me délecte des paysages. Le bonheur !
Lorsque j’aperçois enfin le lac des Settons, je sais que jâarrive Ă bon port. Je ressens la satisfaction de la mission rĂ©ussie sans encombre.
OrphĂ©o et moi traversons fiĂšrement cette zone balnĂ©aire. Les gens viennent Ă notre rencontre, attirĂ©s par la prĂ©sence dâOrphĂ©o.
En arrivant Ă lâhĂŽtel, que jâai rĂ©servĂ© depuis des mois, je nous prends fiĂšrement en photo pour immortaliser lâinstant.

Je tape Ă la porte de lâaccueil de lâhĂŽtel. Une femme mâouvre.
Tout sourire, je lui dis que jâai rĂ©servĂ© une chambre et un prĂ© pour mon cheval.
Elle me regarde bizarrement et me dit : « vous ĂȘtes sure que ce nâest pas la semaine prochaine ? »
Je ressens de lâagacement et je me dis que ce genre de phrase nâest pas trĂšs rassurant pour des randonneurs aprĂšs une journĂ©e de monte et de marche.
Je consulte lâhistorique de nos Ă©changes mail et texto, pour lui montrer son erreur.
Je lui ai fait parvenir le contrat et lâacompte par courrier postal comme elle me lâavait demandĂ©.
Elle feuillette Ă nouveau son carnet et me dit ne pas avoir reçu lâacompte de rĂ©servation.
A cet instant, je crois quâil sâagit dâun malentendu et que tout va sâarranger.Â
Elle insiste.
Moi aussi.
Elle me dit : « de toute façon, je nâai plus de chambre de libre ».
En mĂȘme temps que jâĂ©change avec elle, jâappelle impulsivement lâami qui mâavait fait mon parcours. En lui expliquant briĂšvement la situation, je sens monter le stress en moi.
Et lĂ en un instant, tout bascule.
En une fraction de seconde, je vois ce que je mâapprĂȘte Ă faire… Je sais. Je sais que je vais aggraver, envenimer la situation. Je sais que ça va me desservir, mais je ne parviens pas à ⊠je me sens irrĂ©sistiblement aspirĂ©e par une virulente colĂšre. đ
Jâexplose ! Je tape un scandale. EnvolĂ©s les principes de la « CNV » (Communication Non Violente) !
Je sais que je suis en train dâenvoyer des boules noires Ă mon interlocutrice, qui vont me revenir en pleine face. Son mari sâen mĂȘle ! Le mari me dit « câest pas notre affaire. On a rien. »
Au bout du téléphone, mon ami, sentant que je perds pieds me dit : « passe les-moi au téléphone ».
Je lui dis : « Pour quoi faire ? ».
Lui me dit juste « Passe les-moi ».
Je tends mon tĂ©lĂ©phone Ă la dame et je continue avec le mari qui se montre mĂ©prisant et mâenvoie un « Vous nâavez quâĂ aller Ă la gendarmerie, câest Ă 8km ». Je mâinsurge et lĂ nous vocifĂ©rons comme deux chiens qui jappent.
Moi qui Ă©tait lĂ©gĂšre comme un papillon, je ressens tout dâun coup la fatigue de la journĂ©e.
Mon ami au tĂ©lĂ©phone rĂ©ussit Ă faire entendre Ă la femme de trouver une solution. Je nâai clairement aucun mĂ©rite dans cette situation de crise, bien au contraire.
Il arrive que la fatigue et le dĂ©sarroi empĂȘchent de rĂ©flĂ©chir (mais n’est ce pas une belle phrase de justification ?).
Mon ami parvient à négocier avec la femme et la convint de chercher un autre hébergement aux alentours ou, au pire, de me laisser dormir sur une banquette qui se trouve dans la salle à manger.
Par contre, il me dit que ça semble trĂšs compliquĂ© dâobtenir un accĂšs Ă leur douche.
Jâai lâimpression dâĂȘtre une SDF qui fait lâaumĂŽne.
La femme part avec sa voiture faire le tour des environs Ă la recherche dâun hĂ©bergement (hĂŽtel et gĂźte).
Je mâĂ©carte avec mon cheval pour le faire brouter. Le mari passe et me chasse de sa pelouse comme une mal-propre. Je mâĂ©loigne.
Puis, il repasse et je sens quâil cherche encore Ă en dĂ©coudre et Ă rentrer de nouveau en conflit avec moi.
Je lui explique que je suis extĂ©nuĂ©e et que je nâen peux plus. Je ne suis ni en mesure de contester, ni de me dĂ©fendre, ni de rattraper la violence de ma communication.
Jâattends interminablement assise sur un tronc dâarbre coupĂ© en tenant mon cheval par la longe.
Le stress a laissé place à une grosse fatigue physique et émotionnelle.
Au bout dâune heure, la femme revient. Elle a trouvĂ© un gĂźte Ă 5km avec une chambre de libre. Elle me propose de garder mon cheval au prĂ© pour la nuit, de mâemmener au gĂźte et de revenir me chercher le lendemain matin. Je pleure de soulagement. Â
Je nâai jamais autant savourĂ© de prendre une douche chaude et de mâallonger dans un lit.
Mais je garde un goût amer de ce conflit mal géré.
Un an plus tard, je ris de cette situation cocasse. Je suis encore surprise de mes rĂ©actions, dâavoir cĂ©dĂ© Ă la panique, Ă la violence verbale, dâavoir Ă©tĂ© dans lâincapacitĂ© dâentrevoir posĂ©ment des solutions et dâargumenter intelligemment.
AprĂšs avoir vĂ©cu cette expĂ©rience, je me suis dâemblĂ©e dit que jâaimerais vous la partager et quâelle ferait un parfait contre-exemple des principes qui me sont chers.
En effet, jâai choisi de fonder ma pratique professionnelle et ma philosophie de vie sur la psychologie humaniste et lâApproche CentrĂ©e sur la Personne, la psychologie positive, les sciences du bonheur et la mĂ©ditation de pleine conscience, la CNV, etcâŠ
Je fais le choix de vous révéler cet échec cuisant pour réaffirmer ma philosophie et reconnaitre ma faillibilité du moment.
Oui à la colÚre, non à la violence !
La colĂšre est un terrain glissant qui peut virer Ă la violence.
Pourtant, comme toutes les Ă©motions, la colĂšre porte en elle des bĂ©nĂ©fices. Elle nous permet de poser nos limites, dâaffirmer notre identitĂ©, nos droits et dâagir.
Il est possible dâexprimer sa colĂšre de maniĂšre acceptable, sans glisser vers une communication violente. En Ă©tant violente, je ne pose pas mes limites, je cherche Ă blesser et Ă dominer mon interlocuteur parce que je me sens frustrĂ©e, blessĂ©e ou incomprise. Il y a une diffĂ©rence entre lâassertivitĂ© et lâagressivitĂ©.
Regarder et observer les sensations et rentrer en amitiĂ© avec ses Ă©motionsÂ
Depuis quelques annĂ©es jâai dĂ©couvert, je pratique et je me suis formĂ©e Ă la mĂ©ditation. Elle mâa permis une transformation notable de mes ressentis et donc de mes comportements.
Elle mâa permis de :
- dâidentifier mes sensations corporelles et les Ă©motions qui sây rattachent,
- de limiter les situations de jugement pour faire preuve de davantage dâempathie envers autrui et dâauto-compassion envers moi-mĂȘme,
- de réduire considérablement mes réactions impulsives (à quelques rares exceptions prÚs comme ici),
- dâĂȘtre dans lâacceptation de mes Ă©motions,
- de ne pas mâidentifier aux Ă©motions qui me traversent,
- de ne pas mâinstaller dans une Ă©motion « dite nĂ©gative » mais de la traverser
- et mĂȘme parfois dâinvoquer une Ă©motion pour mâappuyer sur sa force.
Prendre soin de la relation en allant sur la colline de lâautre
Imaginez comment se serait passĂ© notre Ă©change si tout en continuant Ă observer mes sensations et mes Ă©motions (tensions, boule au ventre â stress, agacement, colĂšre etc), jâavais su faire un pas de cĂŽtĂ© et aller sur la colline de lâautre ?
Imaginez la nature de notre Ă©change
- si jâavais cherchĂ© Ă comprendre ce que cette situation faisait vivre Ă ce couple ?
- Si jâavais su ĂȘtre assertive et non agressive ?
- Si jâavais su montrer ma vulnĂ©rabilitĂ© et exprimer mes sentiments et mes besoins ?
- Si jâavais su crĂ©er le lien nĂ©cessaire Ă une invitation Ă la coopĂ©ration pour trouver des solutions ensemble ?
Jâaurais aussi pu mâappuyer sur la mĂ©thode OSBD (Observation â Sentiment â Besoin â Demande).
La méthode OSBD
Issue de la Communication Non Violente, la mĂ©thode OSBD mâaurait Ă©tĂ© utile pour gĂ©rer la situation de conflit. Elle repose sur 4 Ă©tapes : Observation â Sentiment â Besoin â Demande.
Observations
Il sâagit de revenir aux faits.
Nous avons eu des Ă©changes mails et tĂ©lĂ©phoniques. Je vous ai informĂ© que je vous avais fait parvenir lâacompte et le contrat de location. Vous avez rĂ©servĂ© la chambre mais vous nâavez visiblement rien reçu.
Que sâest t-il passĂ© ensuite ?Â
Sentiments
Il importe de revenir au « Je » et non au « tu » accusateur, car mes sentiments nâappartiennent quâĂ moi.
Je me sens surprise, voire choquée de découvrir cette situation.
Je me sens décontenancée, agacée et je sens la colÚre apparaitre en moi.
Je me sens en stress car je nâai pas envisagĂ© cette probabilitĂ©.
Je me sens désemparée car je sens que la fatigue ne me permet pas de savoir comment gérer la situation de suite.
Je ressens de la peur, peur de me retrouver seule à gérer cet imprévu.
Besoins
Je sens que jâai besoin de repos aprĂšs cette deuxiĂšme journĂ©e de randonnĂ©e. Jâai besoin dâun abri.
Jâai aussi besoin de me sentir accueillie dans ce que je vis, de votre empathie et dâun peu de rĂ©confort.
Jâai besoin de solidaritĂ© et de coopĂ©ration pour trouver des solutions ensemble. Â
Demande
La situation est ce quâelle est, jâaurais besoin que vous mâaidiez Ă trouver des solutions afin de trouver un abri pour moi et pour mon cheval.
Cette situation inédite reste pour moi une illustration trÚs apprenante.
Je sais que mes clients ont profondĂ©ment besoin de non-jugement pour accueillir leur part dâombre.
Pour grandir sur notre chemin, nous nâavons pas besoin de plus de jugement (la sociĂ©tĂ© et lâĂ©ducation en sont dĂ©jĂ remplies). Nous avons besoin de plus dâamour et dâun regard inconditionnellement positif posĂ© sur nous.
Câest cette empathie, cette Ă©coute, cette acceptation de vos ombres,
cette confiance en votre potentiel et en votre faculté à grandir chaque jour sur votre chemin
que jâai Ă vous offrir.
Vous souhaitez que je vous accompagne vers votre transformation intérieure ?
Parlons-en au cours dâune sĂ©ance dĂ©couverte
(gratuite et sans engagement).
La prochaine fois que vous serez face Ă une situation dĂ©licate, qui peut basculer dans le conflit, pensez Ă ce texte. đ€
đDemandez-vous quelle est la meilleure façon dâobtenir ce dont vous avez besoin ?
đ Comment pouvez-vous prendre soin Ă la fois de vous, de lâautre et de la relation ?
đ Comment pouvez-vous Ă©couter vos limites de maniĂšre assertive sans basculer dans lâagressivitĂ© et la violence ?
đ Pensez aussi Ă faire preuve dâindulgence vis-Ă -vis de vous et vis-Ă -vis de votre interlocuteur.
đ Acceptez vos parts dâombre. Donner du sens Ă vos expĂ©riences. Ne les fuyez pas. Elles sont lĂ pour vous enseigner quelque chose.
Et poursuivez votre quĂȘte… đ




Retrouvez les autres Ă©pisodes de mon aventure !
Cet été, je me lance un grand défi personnel :
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 2
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 3
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 5
Connexion Ă mon Ăąme de guerriĂšre
Cet été, je me lance un grand défi personnel : Episode 6
đ La force de mon binĂŽme đ
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